Thérapie myofonctionnelle (exercices oropharyngés) pour l’apnée obstructive du sommeil
Rueda JR, Mugueta-Aguinaga I, Vilaró J, Rueda-Etxebarria M
Résumé
Contexte
Le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) est un syndrome caractérisé par des épisodes d’apnée (arrêt complet de la respiration) ou d’hypopnée (respiration insuffisante) pendant le sommeil. Les symptômes classiques de la maladie ‐ tels que le ronflement, le repos insuffisant et la somnolence diurne ‐ sont surtout ressentis par les hommes ; les femmes font état de symptômes moins spécifiques tels que le manque d’énergie, la fatigue, l’insomnie initiale et les maux de tête matinaux. Le SAOS est associé à un risque accru de blessures professionnelles, de maladies métaboliques, de maladies cardiovasculaires, de mortalité et d’être impliqué dans des accidents de la route.
La ventilation en pression positive continue (VPPC) est un appareil équipé d’un tuyau et d’un masque ou d’un embout nasal qui permettent de délivrer une pression d’air constante et régulière. Elle est considérée comme la première option de traitement pour la plupart des personnes atteintes de SAOS. Cependant, l’observance du traitement est souvent sous‐optimale. La thérapie myofonctionnelle pourrait être une alternative pour de nombreux patients. La thérapie myofonctionnelle consiste en une association d’exercices oropharyngés ‐ c’est‐à‐dire des exercices de la bouche et de la gorge. Ces associations comprennent généralement des exercices isotoniques et isométriques impliquant plusieurs muscles et zones de la bouche, du pharynx et des voies respiratoires supérieures, pour travailler sur des fonctions telles que parler, respirer, souffler, sucer, mâcher et avaler.
Objectifs
Évaluer les bénéfices et les risques de la thérapie myofonctionnelle (exercices oropharyngés) pour le traitement de l’apnée obstructive du sommeil.
Stratégie de recherche documentaire
Nous avons identifié les essais contrôlés randomisés (ECR) dansle registre des essais du groupe Cochrane sur les voies respiratoires (date de la dernière recherche: 1er mai 2020). Nous avons trouvé d’autres essais dans des registres d’essais cliniques en ligne.
Critères de sélection
Nous avons inclus les ECR ayant recruté des adultes et des enfants avec un diagnostic de SAOS.
Recueil et analyse des données
Nous avons suivi les procédures méthodologiques standard définies par Cochrane. Nous avons évalué le niveau de confiance des données probantes en utilisant les recommandations GRADE. Les critères de jugement principaux étaient la somnolence diurne, la morbidité et la mortalité.
Résultats principaux
Nous avons identifié neuf études susceptibles d’être incluses dans cette revue et neuf études en cours. Les neuf ECR inclus ont analysé un total de 347 participants, dont 69 femmes et 13 enfants. L’âge moyen des adultes variait de 46 à 51 ans, les scores de somnolence diurne varient de 8 à 14 et la gravité de l’apnée obstructive du sommeil variait de légère à sévère. La durée des études variait de deux à quatre mois.
Aucune de ces études n’a évalué les accidents, les maladies cardiovasculaires ou les critères de jugement de mortalité. Nous avons cherché des données sur les événements indésirables, mais aucune des études incluses ne les a pas rapportées.
Chez les adultes, par rapport à la thérapie simulée, la thérapie myofonctionnelle: réduit probablement la somnolence diurne (échelle de somnolence d’Epworth (Epworth Sleepiness Scale, ESS), DM (différence moyenne) ‐4,52 points, intervalle de confiance (IC) à 95% ‐6,67 à ‐2.36 ; deux études, 82 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ; pourrait améliorer la qualité du sommeil (DM ‐3,90 points, IC à 95 % ‐6,31 à ‐1,49 ; une étude, 31 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; pourrait entraîner une forte réduction de l’index d’apnée/hypopnée (IAH, DM ‐13.20 points, IC à 95 % ‐18,48 à ‐7,93 ; deux études, 82 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; pourrait n’avoir que peu ou pas d’effet sur la réduction de la fréquence des ronflements mais les données probantes sont très incertaines (différence moyenne standardisée, DMS) ‐0,53 points, IC à 95 % ‐1.03 à ‐0,03 ; deux études, 67 participants ; données probantes d’un niveau de confiance très faible) ; et réduit probablement légèrement l’intensité subjective du ronflement (DM ‐1,9 points, IC à 95% ‐3,69 à ‐0,11 une étude, 51 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré).
Par rapport à la liste d’attente, la thérapie myofonctionnelle pourrait: réduire la somnolence diurne (ESS, changement par rapport à la valeur de référence DM ‐3,00 points, IC à 95 % ‐5,47 à ‐0,53 ; une étude, 25 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; n’entraîner que peu ou pas de différence dans la qualité du sommeil (DM ‐0.70 points, IC à 95 % ‐ 2,01 à 0,61 ; une étude, 25 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; et réduire l’IAH (DM ‐ 6,20 points, IC à 95 % ‐ 11,94 à ‐ 0,46 ; une étude, 25 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
Par rapport à la VPPC, la thérapie myofonctionnelle pourrait n’entraîner que peu ou pas de différence dans la somnolence diurne (DM de 0,30 point, IC à 95 % ‐1,65 à 2,25 ; une étude, 54 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; et pourrait augmenter l’IAH (DM de 9,60 points, IC à 95 % 2,46 à 16,74 ; une étude, 54 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
Comparée à la VPPC et thérapie myofonctionnelle, la thérapie myofonctionnelle seule pourrait n’entraîner qu’une différence minime, voire nulle, dans la somnolence diurne (DM de 0,20 point, IC à 95 % ‐2,56 à 2,96 ; une étude, 49 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) et pourrait augmenter l’IAH (DM de 10,50 points, IC à 95 % 3,43 à 17,57 ; une étude, 49 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
Par rapport aux exercices respiratoires et bandelette nasale, la thérapie myofonctionnelle pourrait n’entraîner qu’une faible différence, voire aucune, dans la somnolence diurne (DM de 0,20 point, IC à 95 % ‐ 2,46 à 2,86 ; une étude, 58 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) ; augmente probablement légèrement la qualité du sommeil (‐1.94 points, IC à 95 % ‐3,17 à ‐0,72 ; deux études, 97 participants ; données probantes d’un niveau de confiance modéré) ; et pourrait n’entraîner que peu ou pas de différence dans l’IAH (DM ‐3,80 points, IC à 95 % ‐9,05 à 1,45 ; une étude, 58 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
Par rapport à un traitement médical standard, la thérapie myofonctionnelle pourrait réduire la somnolence diurne (DM ‐6,40 points, IC à 95 % ‐9,82 à ‐2,98 ; une étude, 26 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible) et pourrait augmenter la qualité du sommeil (DM ‐3,10 points, IC à 95 % ‐5,12 à ‐1,08 ; une étude, 26 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
Chez les enfants, par rapport au lavage nasal seul, la thérapie myofonctionnelle et lavage nasal pourraient n’entraîner que peu ou pas de différence dans l’IAH (DM 3,00, IC à 95 % ‐0,26 à 6,26 ; une étude, 13 participants ; données probantes d’un niveau de confiance faible).
Conclusions des auteurs
Par rapport à la thérapie simulée, la thérapie myofonctionnelle réduit probablement la somnolence diurne et pourrait améliorer la qualité du sommeil à court terme. Le niveau de confiance des données probantes pour toutes les comparaisons variait de modérée à très faible, principalement en raison du manque de mise en aveugle des évaluateurs concernant des critères de jugement subjectifs, des données incomplètes sur les critères de jugement et de l’imprécision. Des études supplémentaires sont nécessaires. Dans les études futures, les évaluateurs des critères de jugement devraient être mis en aveugle. Les nouveaux essais devraient recruter davantage de participants, dont un plus grand nombre de femmes et d’enfants, et prévoir des périodes de traitement et de suivi plus longues.