Efficacité de la thérapie manuelle intégrative pédiatrique dans la plagiocéphalie positionnelle : un essai contrôlé randomisé.
Titre original ( Efficacy of pediatric integrative manual therapy in positional plagiocephaly: a randomized controlled trial)
Auteurs : Iñaki Pastor-Pons1,2 , María Orosia Lucha-López3 , Marta Barrau-Lalmolda2 , Iñaki Rodes-Pastor2 , Ángel Luis Rodríguez-Fernández4 , César Hidalgo-García1 , Jose Miguel Tricás-Moreno1
Affiliation
- Departamento de Fisiatría y Enfermería, Unidad de Investigación en Fisioterapia, Facultad de Ciencias de la Salud, Universidad de Zaragoza, Domingo Miral, s/n, 50009, Zaragoza, Spain.
- Instituto de Terapias Integrativas, Constitución 29 Dplo, 50001, Zaragoza, Spain.
- Departamento de Fisiatría y Enfermería, Unidad de Investigación en Fisioterapia, Facultad de Ciencias de la Salud, Universidad de Zaragoza, Domingo Miral, s/n, 50009, Zaragoza, Spain. [email protected].
- Departamento de Fisioterapia, Facultad de Medicina, Universidad San Pablo CEU, Urbanización Montepríncipe, 28925, Alcorcón, Madrid, Spain.
- PMID: 34090515
- PMCID: PMC8180102
- DOI: 10.1186/s13052-021-01079-4
Résumé
Contexte
La plagiocéphalie positionnelle affecte fréquemment les bébés en bonne santé. L’hypothèse est que la thérapie manuelle adaptée à la pédiatrie est plus efficace pour améliorer l’asymétrie crânienne plagiocéphale que le simple repositionnement et la stimulation sensorielle et motrice.
Méthodes
Trente-quatre sujets neurologiquement sains âgés de moins de 28 semaines et présentant une différence d’au moins 5 mm entre les diamètres diagonaux crâniens ont été répartis au hasard en 2 groupes. Pendant 10 semaines, le groupe de thérapie manuelle intégrative pédiatrique (PIMT) a reçu une thérapie manuelle plus un programme d’éducation des soignants, tandis que les témoins ont reçu exclusivement le même programme d’éducation. La forme crânienne a été évaluée à l’aide de l’anthropométrie ; l’indice crânien (IC) et l’indice d’asymétrie de la voûte crânienne (IAC) ont été calculés. La perception parentale du changement a été évaluée à l’aide d’une échelle visuelle analogique (- 10 cm à + 10 cm).
Résultats
L’ICVA a présenté une diminution plus importante dans le groupe PIMT : 3,72 ± 1,40 % contre 0,34 ± 1,72 % dans le groupe témoin (p = 0,000). L’IC n’a pas présenté de différences significatives entre les groupes. La thérapie manuelle a entraîné une perception parentale plus positive des changements crâniens (thérapie manuelle : 6,66 ± 2,07 cm ; groupe témoin : 4,25 ± 2,31 cm ; p = 0,004).
Conclusion
La thérapie manuelle associée à un programme d’éducation des soignants a permis d’améliorer l’IVAc et de satisfaire les parents de manière plus efficace que le programme d’éducation des soignants seul.
Enregistrement de l’essai
Numéro d’enregistrement de l’essai : NCT03659032 ; date d’enregistrement : 1er septembre 2018. Enregistré rétrospectivement .
Contexte
Les asymétries de la tête et du cou sont très courantes chez les nouveau-nés typiques en bonne santé [1]. Parmi ces asymétries, la plagiocéphalie positionnelle (PP) est un terme général décrivant la distorsion crânienne due aux forces pré ou postnatales exercées sur la tête du nourrisson [2, 3]. Les caractéristiques de la PP sont un aplatissement occipital asymétrique, accompagné d’un déplacement antérieur de l’oreille du même côté, d’une protubérance pariétale du côté opposé, et souvent d’une protubérance frontale ipsilatérale, avec un aplatissement frontal du même côté. Ces caractéristiques donnent à la tête l’aspect d’un parallélogramme lorsqu’elle est vue du dessus [4]. Des observations faciales peuvent être associées à cette affection, mais le PP ne l’implique pas ou ne le connote pas [5].
Les données sur la prévalence sont limitées et dépendent de la situation géographique. Cependant, la prévalence semble être élevée, les meilleures estimations de la présence de PP chez les nourrissons allant de 20 à 40 % [6,7,8].
De nombreux facteurs intrinsèques et extrinsèques peuvent jouer un rôle avant, pendant et après l’accouchement. En plus d’être associé à la position couchée sur le dos, le développement de la plagiocéphalie est lié au diabète gestationnel [9], au sexe masculin [10, 11], à l’âge maternel [12], à la circonférence du crâne [12], à la prématurité [13], à la primiparité [10, 11], à la brachiocéphalie [9, 10], aux contraintes intra-utérines [14], au travail prolongé [14], aux naissances multiples [14], une mauvaise position du fœtus pendant la naissance [14], l’utilisation de forceps obstétricaux ou d’une ventouse [15], un séjour prolongé à l’hôpital [16], un torticolis congénital [6, 17], une préférence pour la position de la tête [10, 11, 12, 18], un nourrisson éveillé en position couchée moins de 3 fois par jour [10] et un retard dans l’acquisition des étapes motrices [10].
Bien que de nombreux cas de PP s’améliorent avec le temps, des preuves scientifiques suggèrent que des stratégies de prise en charge conservatrice peuvent minimiser de manière sûre et efficace le degré d’asymétrie crânienne [19]. L’essai clinique contrôlé réalisé par Van Vlimmeren et al. (2008) est l’une des études de la plus haute qualité. Ces chercheurs ont comparé un groupe d’intervention recevant un repositionnement standardisé et un traitement de physiothérapie avec un groupe de contrôle recevant les soins habituels (les parents ont reçu une brochure décrivant les mesures préventives de base sans autre éducation ou instructions pour intervenir). Après l’intervention, la proportion de bébés présentant une PP sévère était significativement plus faible dans le groupe d’intervention que dans le groupe témoin. Leurs résultats suggèrent que, sans intervention, certains bébés présentant une PP et une préférence positionnelle pourraient développer une PP sévère [20]. Les résultats impliquent également un cadre temporel optimal pour le traitement, dans lequel plus l’intervention est précoce, meilleurs sont les résultats [19].
Les principales options de traitement conservateur de la PP sont l’éducation des parents [21, 22, 23, 24, 25, 26, 27], le repositionnement [23, 24, 25, 28, 29, 30], la physiothérapie [20, 28, 31, 32, 33] et le port d’un casque orthopédique [26, 29, 34, 35, 36].
Seules quelques études ont analysé l’effet de la thérapie manuelle sur la plagiocéphalie non synostosique [37,38,39]. La plupart de ces études n’ont pas été en mesure d’établir un niveau de preuve suffisant en raison de l’absence générale d’échantillons de taille appropriée, de groupes de contrôle ou de randomisation.
L’objectif de cette étude était d’analyser l’efficacité de l’ajout d’une approche de thérapie manuelle pédiatrique à un programme d’éducation des soignants sur les mesures anthropométriques crâniennes et la perception parentale subjective du changement de forme crânienne chez les nourrissons atteints de PP.
Méthodes
Le comité d’éthique de l’Institut des sciences de la santé d’Aragon a approuvé le recrutement d’une cohorte pour cette étude (n° de registre C.P. – C.I. PI16/0275. Date : 25 octobre 2017). L’étude est enregistrée sur clinicaltrials.gov, avec le numéro d’identification NCT03659032. La date d’enregistrement est le 1er septembre 2018.
Sujets
Les pédiatres de la section III des services de santé d’Aragon ont adressé 34 sujets âgés de moins de 28 semaines présentant des signes de PP. Le critère d’inclusion était les nourrissons présentant une différence d’au moins 5 mm entre les diamètres diagonaux crâniens [40], c’est-à-dire les nourrissons présentant une PP modérée ou grave [41]. Nous avons exclu les nourrissons qui avaient reçu un traitement orthétique ou une physiothérapie ou qui présentaient une maladie génétique, transmissible, métabolique ou neurologique ou une craniosynostose.
Pour le calcul de la taille de l’échantillon, nous avons utilisé les données non publiées d’une étude pilote antérieure portant sur 41 sujets présentant des caractéristiques similaires et ayant reçu une approche thérapeutique manuelle similaire à celle de la présente étude. Cette étude pilote a obtenu une diminution de 4,52 ± 2,91% de l’indice d’asymétrie de la voûte crânienne. La taille de l’échantillon a été calculée à l’aide du calculateur GRANMO (https://www.imim.cat/ofertadeserveis/software-public/granmo/), avec la sélection de deux moyennes de population indépendantes, à contraste bilatéral, avec un risque α de 0,05, un risque ß de 0,20 et un rapport de 1 du nombre de sujets entre les groupes. Un nombre minimal de 7 sujets par groupe a été obtenu.
Les sujets ont été randomisés en 2 groupes avec un nombre final de 17 sujets par groupe. Les sujets ont été randomisés selon un plan généré par l’application informatique en ligne à l’adresse www.random.org/sequences. Les évaluateurs n’ont pas eu connaissance de ce plan.
Un document d’information sur l’étude a été remis aux parents et un consentement éclairé a été signé après qu’ils aient lu le document et que leurs questions sur l’étude aient reçu une réponse. Les règles et directives concernant la liberté, l’absence de coercition, la divulgation des intérêts économiques, une information compréhensible et complète, la confidentialité et l’acceptation ont été suivies [42].
Paramètres mesurés
Les données cliniques et démographiques ont été extraites de l’histoire médicale et du témoignage des parents : âge (semaines), poids de naissance (gr), sexe, prématurité, accouchement instrumental, premier né, naissance multiple, préférence de position de la tête, diagnostic pédiatrique de torticolis congénital, côté plagiocéphalie, type de transport et temps que le nourrisson a passé en position couchée éveillé et observé à 1 mois (min) et à 2 mois (min).
Les paramètres anthropométriques suivants, qui constituent les variables dépendantes de l’étude, ont été mesurés : circonférence crânienne maximale (MCC) [43], longueur crânienne, largeur crânienne et diamètre crânien diagonal pris de la suture frontozygomatique (fz) à la suture lambdoïde (lb) [44]. La fiabilité inter et intraréelle des mesures anthropométriques crâniennes a été publiée précédemment [45]. A partir de ces données, les qualificatifs suivants ont été calculés.
Indice crânien (IC). L’IC a été calculé avec la formule : « Largeur crânienne (mm)/Longueur crânienne (mm) ×100 » [24]. La fourchette normale décrite pour l’IC se situe entre 75 et 85 % [44].
Asymétrie de la voûte crânienne (CVA). La CVA a été calculée à l’aide de la formule suivante : « Diamètre crânien en diagonale longue (mm) – Diamètre crânien en diagonale courte (mm) » [46]. Selon Mortenson & Steinbok, le CVA peut être classé dans les catégories suivantes : CVA normal < 3 mm, CVA léger / modéré ≤ 12 mm, CVA modéré / sévère > 12 mm [41].
Indice d’asymétrie de la voûte crânienne (CVAI). Le CVAI a été calculé à l’aide de la formule « [Diamètre crânien diagonal long (mm) – Diamètre crânien diagonal court (mm)]/Diamètre crânien diagonal court×100 » [24]. La classification de l’échelle de gravité de la plagiocéphalie (Children’s Healthcare of Atlanta, 2015) [47] est basée sur l’IVAC et elle décrit les niveaux suivants : niveau 1 : < 3,5 % ; niveau 2 : 3,5 à 6,25 % ; niveau 3 : 6,25 à 8,75 % ; niveau 4 : 8,75 à 11,0 % ; niveau 5 :> 11,0 %. L’IVAC a été établi comme le principal critère d’évaluation.
À la fin de l’étude, les parents ont reçu une échelle visuelle analogique (EVA) pour évaluer leur perception du changement de forme de la tête [48]. Les parents ont fait une marque verticale sur une ligne graduée de – 10 (beaucoup plus mauvais) à + 10 (beaucoup mieux) avec un point intermédiaire 0 (aucun changement).
Intervention
Dix-sept sujets ont reçu 10 séances de thérapie manuelle et un programme d’éducation des soignants, un concept intégratif de traitement qui sera identifié dans le manuscrit comme la thérapie manuelle intégrative pédiatrique (PIMT). Chaque traitement PIMT pour remodeler la déformation crânienne consistait en :
- une manœuvre pour mobiliser le tissu neuroméningé au niveau lombo-sacré, basée sur la technique de John E. Upledger [49] mais adaptée au domaine pédiatrique. Une traction très légère est induite à travers le bassin pour stimuler une réponse tissulaire. Le physiothérapeute suit les mouvements du bassin du bébé en fonction des mouvements actifs, en essayant d’évoluer vers des positions de plus en plus fléchies.
- une technique pour la colonne cervicale basée sur les travaux de Giammatteo [50]. Une très légère traction est appliquée à travers la tête et le mouvement actif de la tête est accompagné vers différentes positions de flexion et d’extension, de latéralisation et de rotation, en stabilisant doucement l’atlas en direction dorsale.
- une technique consistant à appliquer une pression manuelle pour mouler la base du crâne dans la direction opposée à la torsion PP sur la base du crâne, basée sur le travail d’Arbuckle [51] . La pression manuelle a été appliquée à l’os occipital pour le déplacer dorsalement, en insistant sur la zone la plus plate (Fig. 1).
- Deux techniques : une pour équilibrer la tension membranaire intracrânienne et une technique de moulage pour décompresser la suture coronale, basée sur le travail de Carreiro [52].
Ce protocole PIMT a été appliqué par plusieurs kinésithérapeutes pédiatriques ayant une formation spécialisée et 4 ans d’expérience. Les effets de ce traitement PIMT sur la mobilité de la colonne cervicale sont décrits dans un autre manuscrit précédemment publié [53].
Chaque séance de thérapie manuelle a été réalisée une fois par semaine avec une durée de 20 min.
Le programme d’éducation des soignants consistait en une série de recommandations basées sur la littérature [54, 55] qui englobaient le repositionnement, la stimulation sensorielle et motrice du côté opposé au côté préféré et les positions couchées. Les parents ont reçu des instructions avec l’aide d’un kinésithérapeute pédiatrique formé et un livret d’information sur les recommandations de base.
Les 17 sujets du groupe témoin ont reçu uniquement le même programme d’éducation des soignants. Le groupe témoin a été convoqué une fois au cours des 10 semaines pour suivre le processus, écouter leurs difficultés, résoudre leurs questions et insister sur l’importance d’effectuer la stimulation et le repositionnement.
Analyses statistiques
Le test de Kolmogorov-Smirnov avec la correction de Lilliefors a été utilisé pour tester la normalité de la distribution des variables quantitatives ; le test de Shapiro-Wilk a été utilisé à cette fin si n < 30. Une analyse descriptive des variables qualitatives a été réalisée, offrant les pourcentages, ainsi qu’une analyse descriptive des variables quantitatives, offrant la moyenne ± l’écart-type ou les valeurs médianes (Q1 ; Q3), selon que la distribution des variables était normale ou non, respectivement.
Si la distribution était normale, le test t de Student pour échantillons indépendants a été utilisé pour les comparaisons intergroupes des variables dépendantes pré-intervention. Le test U de Mann-Whitney a été utilisé pour ces comparaisons si la distribution n’était pas normale. Pour comparer l’efficacité de l’intervention entre les groupes, nous avons calculé les indices d’amélioration des variables dépendantes en utilisant la différence entre les valeurs de mesure finales et les valeurs de mesure initiales. Si la distribution était normale, les indices d’amélioration ont été comparés à l’aide du test t de Student pour échantillons indépendants ; sinon, le test U de Mann-Whitney a été utilisé. La taille de l’effet a été calculée à l’aide du d de Cohen.
La corrélation entre l’indice d’amélioration de l’ICVA et l’EVA reflétant la perception parentale du changement de forme de la tête dans l’ensemble de l’échantillon a été analysée. Pour ce faire, le coefficient de corrélation de Pearson a été calculé lorsque les variables suivaient une distribution normale. Si la distribution d’une variable n’était pas normale, le coefficient Rho de Spearman a été utilisé.
Un intervalle de confiance de 95% a été établi pour les analyses. La signification statistique a été fixée à p < 0,05. L’étude statistique a été réalisée selon les principes de l’analyse en intention de traiter, sans attribuer les valeurs de la deuxième évaluation aux sujets perdus de vue tout au long de l’intervention.
Résultats
Population étudiée
Un total de 34 sujets a été inclus dans l’étude. 17 ont été assignés au groupe PIMT et 17 au groupe de contrôle (uniquement le programme d’éducation des soignants). Deux sujets ont été retirés du groupe d’intervention, de sorte que la mesure finale a porté sur 15 sujets dans le groupe d’intervention et 17 dans le groupe de contrôle (Fig. 2). Les caractéristiques démographiques étaient comparables dans les 2 groupes (tableau 1). Les mesures anthropométriques et la forme de la tête étaient comparables dans les deux groupes (tableau 2). Les traitements effectués dans le cadre de l’étude n’ont donné lieu à aucun événement indésirable.
Résultat
Les différences entre l’évaluation finale et la ligne de base des mesures anthropométriques dans les 2 groupes sont présentées dans le tableau 3. Le groupe PIMT a montré une augmentation statistiquement significative du MCC (2,16 ± 0,69 cm) par rapport au groupe témoin (1,35 ± 0,75 cm) (p = 0,004). De même, on a constaté une augmentation significative de la longueur crânienne dans le groupe PIMT (7,57 ± 2,33 cm) par rapport au groupe témoin (4,25 ± 2,47 cm) (p = 0,001). Le CVA a présenté une réduction significativement plus importante dans le groupe PIMT (- 4,39 ± 1,51 mm) par rapport au groupe témoin (- 0,11 ± 2,14 mm) (p = 0,000). Notre résultat primaire, l’ICVA, a diminué davantage dans le groupe PIMT (- 3,72 ± 1,40 %) par rapport au groupe témoin (- 0,34 ± 1,72 %) (p = 0,000). L’IC n’a pas présenté de différence statistiquement significative entre les groupes.
Dans l’EVA de perception parentale du changement de forme de la tête, les parents des sujets du groupe PIMT ont évalué le changement perçu à 6,66 ± 2,07 cm (entre – 10 cm et + 10 cm). En revanche, les parents du groupe témoin ont évalué le changement perçu à 4,25 ± 2,31 cm (p = 0,004).
Dans l’étude de corrélation, les résultats ont montré une association statistiquement significative (coefficient de corrélation de Pearson = – 0,365 ; p = 0,04) dans l’ensemble de l’échantillon. Cette association était présente entre la réduction de l’IVAc (- 1,92 % ± 2,31) et l’EVA de perception du changement de forme de la tête (5,38 cm ± 2,49), dans l’ensemble de l’échantillon.
Discussion
Dans notre étude, l’utilisation du PIMT s’est avérée plus efficace que la seule application d’un programme d’éducation des soignants. L’ajout du PIMT à un programme d’éducation des soignants a produit de meilleurs résultats en ce qui concerne les valeurs anthropométriques crâniennes (augmentation du MCC, de la longueur crânienne et du diamètre crânien de la courte diagonale et diminution du CVA et du CVAI) et la perception parentale des changements de forme de la tête.
Le gain moyen du MCC, au cours des 10 semaines de l’étude, était de 2,16 ± 0,69 cm dans le groupe PIMT et de 1,35 ± 0,75 cm dans le groupe témoin. Les taux de croissance observés par Martini et al. (2018) chez des bébés en bonne santé de 4 mois à 12 mois étaient une augmentation de 3,5 ± 8 cm [29]. Pour Meyer-Marcoti et al. (2018), l’augmentation totale de la circonférence crânienne au cours de la première année était de 11-13 cm [56]. Dans leur étude sur un échantillon de 40 sujets sans asymétrie crânienne, un MCC moyen de 41,38 cm est observé à 4 mois, évoluant à 43,23 cm à 6 mois (1,85 cm d’augmentation). Sur notre période d’étude de 10 semaines, la croissance naturelle du crâne dans les deux groupes est proche des valeurs physiologiques mais elle est plus élevée dans le groupe PIMT. Par conséquent, les données de croissance du crâne du groupe PIMT étaient plus proches de l’évolution physiologique du crâne d’un bébé en bonne santé au cours de la même période [56]. L’augmentation de la longueur du crâne était également plus importante dans le groupe PIMT.
Le CVA est l’un des principaux indicateurs crâniens pour analyser l’efficacité éventuelle du protocole PIMT utilisé dans cette population. Kim et al. (2013) ont constaté une amélioration significative de ce paramètre en utilisant un traitement orthétique. La variable est passée d’une moyenne de 13,28 mm ± 3,57 à 6,48 mm ± 1,92 (- 6,8 mm). Le groupe témoin de cette étude a modifié ses valeurs dans une moindre mesure, passant de 11,38 mm ± 3,30 à 10,05 mm ± 1,43 (- 1,33 mm) [29]. Dans notre étude, le traitement PIMT (avec une modification de le CVA de – 4,39 ± 1,51 mm) était significativement meilleur que le groupe témoin (- 0,11 ± 2,14) (p = 0,000). Le traitement PIMT a montré une efficacité assez similaire aux traitements orthétiques, qui sont évalués comme les plus efficaces dans la littérature [29, 57]. Lessard et al. (2011), dans une étude pilote sans groupe de contrôle sur 12 sujets, utilisant une intervention manuelle, ont trouvé une amélioration significative de – 4,1 mm de la différence de diamètre [38]. Ce résultat est proche de celui obtenu dans notre étude.
L’index crânien s’est amélioré dans les deux groupes de notre étude, sans différence significative entre eux. Le crâne à prédominance brachiocéphale (principalement large et court) a évolué vers des valeurs normales, sans descendre en dessous de la limite de 85% qui marque la limite supérieure de la plage de normalité [24]. Dans le groupe PIMT, l’IC est passé de 88,35 à 87,73 %. Il s’agit d’une amélioration légèrement supérieure à celle du groupe témoin, qui est passée de 87,04 à 86,89 %. Cette amélioration peut être liée à l’amélioration significative de la longueur crânienne, un facteur nécessaire pour équilibrer l’IC vers le bas.
L’amélioration de l’indice CVAI était significativement plus importante dans le groupe PIMT (- 3,72 % ± 1,40) que dans le groupe témoin (- 0,34 % ± 1,72) (p = 1,00).
Conclusion
La thérapie manuelle associée à un programme d’éducation des soignants, dans un échantillon de nourrissons atteints de PP, a amélioré l’IVAc et a conduit à la satisfaction des parents plus efficacement que le seul programme d’éducation des soignants.
Disponibilité des données et du matériel
Les ensembles de données utilisés et/ou analysés au cours de la présente étude sont disponibles auprès de l’auteur correspondant sur demande raisonnable.
Toutes les données générées ou analysées au cours de cette étude sont incluses dans cet article publié.
Abréviations
- CI : Indice crânien
- CVA : Asymétrie de la voûte crânienne
- CVAI : Indice d’asymétrie de la voûte crânienne
- MCC : Circonférence crânienne maximale
- PIMT : Thérapie manuelle intégrative pédiatrique
- PP : Plagiocéphalie positionnelle
- EVA : Échelle visuelle analogique