RÉGLEMENTATION DE LA RÉÉDUCATION ORO-MAXILLO-FACIALE – MAI 2020 – CONSTATS ET ANALYSES
Rééducation Oro-Maxillo-Faciale
AUTEURS
TSOBANOPOULOS J-L. (MKDE),
BOUZID K. (MKDE), BLOCH L. (FACULTÉ DE DROIT DE BORDEAUX, CODIRECTEUR DU MASTER
2, DROIT DE LA SANTÉ), GOUZLAND T. (MKDE)
PARTICIPATIONS : ORLEWSKI C. (MKDE), MOUAKI F. (MKDE),
REMERCIEMENTS : LEBOUCHER O. (MG), STOL A. (MKDE), LIVET F.
MAI 2020 – Numéro 57 – Transmettez Votre Savoir de Kiné à Kiné – Lien direct vers l’article
Ce numéro 57 est assez particulier puisque les auteurs nous proposent de nous plonger au coeur de nos métiers.
Qu’on le veuille ou non l’aspect législatif et réglementé de notre exercice peut apparaitre un peu rébarbatif.
Pourtant il est essentiel de le maitriser.
Passionnant pour certain, ignoré par beaucoup, suscitant de nombreuses interrogations et appréciations fantaisistes conduit à des erreurs dommageables pour notre carrière.
Nos auteurs ont réalisé un travail remarquable à travers deux articles : le premier dans la rubrique Juridique de ce mois de Mai (la seconde paraitra au mois de juin).Le second est cet article.
Souhaitons que ces textes trouvent leur public et deviennent en quelque sorte un dossier de référence.
Pourtant cet article ne manquera pas de soulever quelques controverses bien légitimes. Les textes sont ainsi faits, à la fois ont un rôle de loi et comme toujours prêtent le flan à l’interprétation, se retrouvent obsolètes, dépassés par les faits et pratiques.
On regrettera de ne pas avoir plus d’ouverture sur les modes d’exercices qui nous libéreraient de ce carcan résultat plus évident de tractations économiques et syndicales que du réel intérêt du patient. Bien des domaines d’exercer notre art restent à inventer, à explorer : hors nomenclature, hors conventionné que sais je encore? Trop souvent la réglementation bride la pratique (pas toujours pour des raisons honorables), puis la réalité de la pratique s’en émancipe et enfin la réglementation courre après pour s’ajuster, course perpétuelle et stérile.
Nos auteurs ont sans doute fait le bon choix, il était impensable de mélanger les deux approches pour rester pédagogique et informatif.
Bonne lecture
Francis CLOUTEAU
Un des faits les plus marquants, en ROMF, est la création de l’association des « Gueules cassées », surnom donné à l’association : l’Union des Blessés de la Face. Union qui fut créée le 21 juin 1921, à l’initiative de deux « grands mutilés » : Bienaimé Jourdain et Albert Jugon, accompagnés d’une quarantaine de soldats blessés au visage. Ils en confient la présidence au Colonel Yves Picot.
INTRODUCTION
Les premières chirurgies maxillo-faciales sont apparues dans l’histoire récente au XIXème siècle. Nous pouvons supposer qu’une tentative de rééducation avait dû exister à cette époque. Ce qui va marquer son histoire et celle du monde entier sur la nécessité de l’existence d’une prise en charge de Rééducation Oro-Maxillo-Faciale (ROMF), ce sont les suites de la première guerre mondiale.

De plus, la chirurgie OMF militaire est un sujet toujours abordé lors du congrès annuel de la Société Française de Stomatologie, de Chirurgie Maxillo Faciale et de Chirurgie Orale (SFSCMFCO). Aujourd’hui quand le sujet de la ROMF est traité, il est difficile de connaître le rôle à attribuer à chaque profession de rééducation. Dans le code de la santé publique, le rôle de rééducateur de la sphère OMF, semble limité à 3 professions : pour les paramédicaux, les Masseurs-Kinésithérapeutes (MK) et les Orthophonistes, pour les professions médicales, les Orthopédistes Dento Faciaux (ODF). Cet article n’abordera pas le métier de Phoniatre, spécialité de l’Oto-Rhino-Laryngologie (ORL) médicale. Cependant, à la lecture des articles abordant la pluridisciplinarité en rééducation OMF, il semble nécessaire d’y intégrer un nombre bien plus important de professions de rééducation. De nombreux professionnels médicaux et paramédicaux ont un rôle dans le traitement des pathologies de la sphère Oro-Maxillo-Faciale (OMF) et leurs conséquences. Qu’ils agissent de manière directe ou indirecte, ils permettent des prises en
charge globales des patients et sont incontournables. Connaître les compétences de chacune de ces professions est une plus-value. Cela permet également une meilleure compréhension de nos actions, tout en améliorant la coordination entre soignants. Ce pourrait être un critère qualitatif dans la prise en charge des patients.
1. LES ARTICLES DU CODE DE LA SANTÉ PUBLIQUE (CSP) DISPOSENT
1.1 En Orthopédie Dento Faciale L’ODF, est une spécialité, dont le cursus relève à la fois de 2 professions médicales : la chirurgie dentaire et la chirurgie orale (qui inclut la stomatologie, cette spécialité médicale qui n’existe plus depuis quelques années aux Examens Classant National (ECN)). Ces professionnels sont habilités à rééduquer les fonctions OMF. Cependant les ODF, qui souhaitent déléguer cette rééducation ne peuvent le faire, sur prescription, qu’auprès de deux professions de la rééducation OMF que sont les orthophonistes et les MK.
1.2 En Masso-kinésithérapie
Le Décret n° 2011-746 du 27 juin 2011 dispose dans son article 3, II : Les masseurs-kinésithérapeutes exercent les activités de leur profession conformément aux dispositions de l’article L. 4321-1 du code de la santé publique et accomplissent les actes professionnels mentionnés aux articles R. 4321-1 à R. 4321-13 du même code. Ce code dispose également dans l’article L. 4321-1 que le MK exerce son activité en toute indépendance et en pleine responsabilité conformément au code de déontologie mentionné à l’article L. 4321-21. Lorsqu’il agit dans un but thérapeutique, le masseur-kinésithérapeute peut adapter, sauf indication contraire du médecin, dans le cadre d’un renouvellement, les prescriptions médicales initiales d’actes de masso-kinésithérapie datant de moins d’un an, dans des conditions définies par décret. Le MK peut prescrire, sauf indication contraire du médecin, les dispositifs médicaux nécessaires à l’exercice de sa profession selon une liste définie.
En OMF, le MK aura donc la capacité de prescrire par exemple des pansements secs (Stéri-Strips) dans les soins de protection de l’oeil, pour des patients présentant un signe de Charles Bel dans le cadre des paralysies faciales périphériques [1]. Dans les articles R. 4321-1 à R. 4321-13 du CSP, Décrets n°96-879 du 8 octobre 1996. Le détail de ces articles de loi est consultable dans la rubrique juridique de kiné à kiné n°57 et 58 des mois de mai et juin 2020. 1.3 En Orthophonie Le Décret n° 2011-746 du 27 juin 2011 dispose dans son article 3, V : Les Orthophonistes exercent les activités de leur profession conformément aux dispositions de l’article L. 4341-1 du code de la santé publique et accomplissent les actes professionnels mentionnés aux articles R. 4341-1 à R. 4341-4 du même code. Par ailleurs, l’article L. 4341-1 a été modifié par la Loi n°2016-41 du 26 janvier 2016 – art. 126 pour ajouter, entre autres les fonctions oro-myo-faciales.
2. LA NOMENCLATURE GÉNÉRALISÉE DES ACTES PROFESSIONNELS (NGAP)
Cette nomenclature permet de compléter les capacités, les droits et compétence de chaque profession. En OMF, il permet de mettre en exergue des actes propres de telle ou telle profession de rééducation. Il est important de rappeler également que cette nomenclature permet de déterminer si un acte ouvre ou non droit à remboursement par la caisse d’assurance maladie auquel le patient est rattaché.

Si l’acte réalisé, n’apparaît pas dans cette NGAP, mais qu’il fait partie des compétences inscrites au code de la santé publique (cf. article KAK sur les professions de rééducation à paraître en juin). Cette profession pourra alors réaliser les dits actes, sans ouvrir droit à remboursement de la part obligatoire des soins par la sécurité sociale. Il sera considéré en Hors Nomenclature (HN). Donc, afin de clarifier les champs de la rééducation OMF, nous avons donc exposé puis analysé la NGAP des professions d’ODF, de MK, d’Orthophoniste.
2.1. En Orthopédie Dento-faciale
A la NGAP, titre III (actes portant sur tête), chapitre VI : maxillaires (modifié par décision UNCAM du 15/10/13)
Article 5 – Orthopédie dento-faciale (modifié par décision UNCAM du 17/12/13)
La responsabilité de l’Assurance Maladie est limitée aux traitements commencés avant le seizième anniversaire. Le traitement doit concerner les dysmorphoses corrigibles et doit être commencé au plus tard six mois après la date de l’accord sous peine de la caducité de celui-ci. L’accord préalable est nécessaire pour tout nouveau traitement et est valable pour un an. L’accord préalable est nécessaire pour chaque renouvellement annuel des soins, ou en cas de changement de praticien, ou encore en cas de modification du plan de traitement. Le contrôle dentaire peut demander la communication des examens complémentaires qui ont fait l’objet d’un remboursement.
2.1.1. Examens :
• Examens avec prise d’empreinte, diagnostic et durée probable du traitement (les examens spéciaux concourant à l’établissement de ce diagnostic, et notamment radiographie dentaire, radiographie et téléradiographie de la tête sont remboursés en sus) (TO ou ORT 15)
• Avec analyse céphalométrique, en supplément (TO ou ORT 5)
2.1.2. Traitements : Rééducation de la déglutition et/ou de l’articulation de la parole : voir titre IV, chapitre II, article 2. Lorsque la rééducation et le traitement sont effectués par le même praticien, la cotation de la rééducation ne peut en aucun cas, s’ajouter à la cotation globale prévue pour le traitement d’orthopédie dento-faciale.
• Traitement des dysmorphoses :
– Par période de six mois (TO ou ORT 90)
– Avec un plafond de (TO ou ORT 540)
Lorsqu’une phase de traitement est effectuée en denture lactéale ou mixte, elle est limitée à trois semestres. Exceptionnellement, un quatrième semestre peut être accordé après examen conjoint du patient avec le praticien-conseil.
• En cas d’interruption provisoire du traitement : séance de surveillance (au maximum 2 séances par semestre) (TO ou ORT 5)
• Contention après traitement orthodontique : un avis technique favorable pour la contention ne peut être donné que si le traitement a donné des résultats positifs et dans la mesure où il se justifie techniquement :
– Première année (TO ou ORT 75)
– Deuxième année (TO ou ORT 50)
• Disjonction intermaxillaire rapide pour dysmorphose maxillaire en cas d’insuffisance respiratoire confirmée (TO ou ORT 180)
• Orthopédie des malformations consécutives au bec-de-lièvre total ou à la division palatine :
– Forfait annuel, par année (TO ou ORT 200)
– En période d’attente (TO ou ORT 60)
• Traitement d’Orthopédie dento-faciale au-delà du seizième anniversaire, préalable à une intervention chirurgicale portant sur les maxillaires, pour une période de six mois non renouvelable (TO ou ORT 90)
2.1.3. Nomenclatures :
ORT : Traitements d’orthopédie dento-faciale pratiqués par le médecin (stomatologue).
TO : Traitements d’orthopédie dento-faciale pratiqués par le chirurgien-dentiste.
TO et ORT = 2,15
2.2. En Masso-Kinésithérapie :
Au titre XIV de la NGAP, au chapitre : actes de rééducation et réadaptation fonctionnelle.
2.2.1. Au chapitre I, section 2, le texte dispose : le Bilan Diagnostic Kinésithérapique (BDK), effectué par le MK. Ce BDK est primordial en ROMF. Il permet de compléter le bilan médical et apporte une plus value aux soins. C’est un examen complémentaire. Il est d’ailleurs valorisé financièrement, même si en ROMF, il n’est pas le reflet du temps passé à se former et à l’actualisation de nos pratiques. Il est le lien entre le prescripteur, le patient et le MK. Il peut intégrer des images, dans le respect de la loi (cf. au point 7 de cet article)
• BDK pour un nombre de séances compris entre 1 et 10, puis à la 30e séance, puis de nouveau toutes les 20 séances réalisées pour traitement de rééducation et de réadaptation fonctionnelle figurant au chapitre II ou III, sauf exception ci-dessous (AMS, AMK ou AMC 10,7).
• BDK pour un nombre de séances compris entre 1 et 10, puis à la 60e séance, puis de nouveau toutes les 50 séances réalisées pour traitement de rééducation des conséquences des affections neurologiques et musculaires, en dehors des atteintes périphériques radiculaires ou tronculaires (AMK ou AMC 10,8). Remarque : depuis l’avenant 5, nous sommes passés de bilans facturables aux séances 1, 11 et 30 (si celui- ci avait été prescrit) et coté AMK 8.1, à des bilans facturables aux séances : 10, 30 et 50 cotés AMK 10.7 (désormais, il n’est plus nécessaire de préciser sur l’ordonnance de rééducation, car implicitement valable pour tout nouveau traitement.
2.2.2. Au chapitre II, les traitements individuels de rééducation et de réadaptation fonctionnelle sont décrits.
Article 4 – Rééducation des conséquences d’affections neurologiques et musculaires (modifié par décision UNCAM du 27/04/06 et du 07/05/19 pour les masseurs-kinésithérapeutes et du 04/07/06 pour les médecins)
• Rééducation des atteintes périphériques radiculaires ou tronculaires : atteintes localisées à un membre ou à la face (AMK 8.3)
Remarque : cela inclut donc les Paralysies Faciales Périphériques (PFP).
• Rééducation de l’hémiplégie (AMK 9)
Remarque : cela concerne, les Paralysies Faciales Centrales (PFC) et la rééducation des dysphagies ou troubles de la déglutition d’origine centrale.
• Rééducation des affections neurologiques stables ou évolutives pouvant regrouper des déficiences diverses (commande musculaire, tonus, sensibilité, équilibre, coordination…) en dehors de l’hémiplégie et de la paraplégie. Localisation des déficiences à 2 membres ou plus, ou d’un membre et à tout ou partie du tronc et de la face. (AMK 10). Remarque : cela concerne les autres paralysies faciales. Cet item inclut également la prise en charge de la déglutition dans les pathologies neurologiques centrales comme la SLA, la SEP, la maladie de parkinson… Par contre dans certaines formes de ces affections neurologiques, il sera obligatoire de s’intéresser aux retentissements pulmonaires (troubles d’inhalation), en urgence ! Rééducation des malades atteints d’encéphalopathie infantile (AMK 11) Remarque : les paralysies cérébrales, les troubles de la déglutition, la rééducation neuro-sensitivo motrice maxillo-faciale.
Article 5 – Rééducation des conséquences des affections respiratoires (modifié par les décisions UNCAM du 22/05/12, du 16/04/18 et du 07/05/19
• Rééducation des maladies respiratoires avec désencombrement urgent (bronchiolite du nourrisson, poussée aiguë au cours d’une pathologie respiratoire chronique). Les séances peuvent être réalisées au rythme de deux par jour et la durée est adaptée en fonction de la situation clinique. Par dérogation aux dispositions liminaires du titre XIV, dans les cas où l’état du patient nécessite la conjonction d’un acte de rééducation respiratoire (pour un épisode aigu) et d’un acte de rééducation d’une autre nature, les dispositions de l’article 11 B des Dispositions générales sont applicables à ces deux actes. Remarques : Manoeuvre de désencombrement dans les troubles d’inhalation… Les cotations du Titre XIV ne sont pas cumulables entre elles. À chaque séance s’applique donc une seule cotation (NGAP – Préambule du Titre XIV). C’est-à-dire, il n’est possible de facturer qu’une cotation par séance mise à part pour : la « rééducation des maladies respiratoires avec désencombrement urgent (bronchiolite du nourrisson, poussée aiguë au cours d’une pathologie respiratoire chronique) ». Cet acte peut être cumulé avec un autre. Le 2e sera cependant facturé à 50%.
• Rééducation des maladies respiratoires, obstructives, restrictives ou mixtes (en dehors des situations d’urgence) (AMK 8,3).
Remarque : C’est applicable pour le Syndrome d’Apnée Hypopnée Obstructif du Sommeil (SAHOS), la respiration buccale, le syndrome d’hyperventilation Dans ce cas soit les soins sont réalisés 2 jours différents
différents au regard de la nomenclature, soit le professionnel atteste bien réaliser 2 actes distincts, donc 2 prescriptions, 2 actes le même jour, mais cela dépend des organismes payeurs.
Article 6 – Rééducation dans le cadre des pathologies
maxillo-faciales et oto-rhino-laryngologiques (modifié
par décision UNCAM du 07/05/19 pour les masseurs-
kinésithérapeutes)
• Rééducation maxillo-faciale en dehors de la paralysie faciale (AMK 7,6).
Remarques : formulation réductrice, car elle ne prend pas en compte les fonctions respiratoires et de déglutition. Pour nous cette cotation correspond à des troubles isolés des ATM, la traumatologie isolée de la face (pas les polytraumatismes, AVP), les troubles liés aux comportements masticatoires (exemple mastication non unilatérale alternée).
• Rééducation des troubles de la déglutition isolés (AMK 7,6).
Remarques : au regard des données scientifiques liées à la physiologie, à la croissance maxillo-faciale et à l’embryologie, cette indication est erronée. La rééducation de la déglutition prise isolément n’inclut pas la respiration entre autres, nous sommes donc face à un paradoxe d’ordre scientifique et déontologique, dans la mesure où cela ne respecte en rien le code de la santé publique (en respect des données de la science). Nous sommes donc les seuls rééducateurs qualifiés pour agir et conjuguer respiration des Voies Aériennes Supérieure (VAS), respiration des Voies Aériennes Inférieures (VAI) et fonction maxillo-faciale, désencombrement bronchique et nasale.
Article 7 – Rééducation des conséquences des affections
vasculaires (modifié par décision UNCAM du
31 mars 2015 et du 07/05/19)
• Rééducation pour lymphoedèmes vrais (après chirurgie et/ou radiothérapie, lymphoedèmes congénitaux) par drainage manuel : pour un membre ou pour le cou et la face (AMK 7,6).
Remarque : le drainage lymphatique manuel (DLM) En dehors de ces 3 indications, n’est pas remboursable. Les soins esthétiques, bien que post chirurgicaux, ne sont pas remboursables (HN).
Article 11 – Soins palliatifs
« La prise en charge en soins palliatifs est définie comme la prise en charge d’un patient ayant une pathologie grave, évolutive, mettant en jeu le pronostic vital. Elle vise à soulager la douleur et l’ensemble des symptômes digestifs, respiratoires, neurologiques et autres, à apaiser la souffrance psychique, à sauvegarder la dignité de la personne malade et à soutenir son entourage » (NGAP – Dispositions générales – Art. 23.2). Le MK effectue « les actes nécessaires en fonction des situations cliniques (mobilisation, massage, drainage bronchique…) ». La cotation AMK/AMC 12 est « journalière forfaitaire quel que soit le nombre d’interventions » (NGAP – Titre XIV – Chapitre II – Art. 11) Remarque : cela semble applicable dans le cas de certains cancers ORL avancés, en gériatrie palliative et dans certaines pathologies neurologiques centrales évolutives. Il faut intégrer la ROMF dans les prises en charge palliatives.
2.2.3. Nomenclatures :
AMK : Actes pratiqués par le masseur-kinésithérapeute
kinésithérapeute au cabinet ou au domicile du malade, à l’exception des actes effectués dans un cabinet installé au sein d’un établissement d’hospitalisation privé au profit d’un malade hospitalisé.
AMS : Actes de rééducation des affections orthopédiques et rhumatologiques effectué par le masseur- kinésithérapeute.
Remarques : Si AMS ou AMK est pratiqué par le masseur- kinésithérapeute dans une structure de soins ou un établissement, y compris lorsque le malade y a élu domicile, celui-ci est remplacé par AMC.
AMK, AMC et AMS = 2,15 Dans la convention, la durée d’une séance de MK est de l’ordre de la demi-heure. Cette durée est pondérable en fonction de l’état de santé du patient.
2.3. En Orthophonie
Au titre XIV : actes portant sur le cou, de la NGAP, au chapitre II, Larynx.
Article 2 – Rééducation des troubles de la voix, de la
parole, de la communication et du langage (modifiée
par décision UNCAM du 14/11/06, du 13/12/07, du
02/10/12, du 16/07/14, du 24/01/18, du 06/11/18 et du
07/05/19 pour les Orthophonistes)
2.3.1. Bilans avec compte rendu écrit obligatoire :
• Bilan de la déglutition et des fonctions vélo-tubo- tympaniques (AMO 26)
• Bilan de la phonation (AMO 34)
• Bilan des fonctions oro-myo-faciales et de l’oralité (AMO 34)
• Bilan des troubles d’origine neurologique (AMO 40)
• Bilan de la communication et du langage dans le cadre des handicaps moteur, sensoriel et/ou déficiences intellectuelles, des paralysies cérébrales, des troubles du spectre de l’autisme, des maladies génétiques et de la surdité (AMO 40).
2.3.2. Rééducation individuelle :
La durée minimale d’une séance est de 30minutes, sauf mention particulière. Une série de 30 séances est recommandée. Elle est renouvelable par une série de 20 séances maximum. Si la rééducation doit être poursuivie, un bilan Orthophonique de renouvellement est demandé au prescripteur afin de continuer les séances.
• Rééducation des troubles de l’articulation, par séance (AMO 8)
• Remarque : Il ne s’agit pas de l’articulation temporo- mandibulaire.
• Rééducation de la déglutition dysfonctionnelle, par séance (AMO 8)
• Rééducation vélo-tubo-tympanique, (AMO 8)
• Rééducation des troubles de la voix d’origine organique ou fonctionnelle, et les dyskinésies laryngées (AMO 11,4)
• Rééducation des dysphagies, par séance (AMO 11)
• Rééducation des anomalies des fonctions oromyo- faciales et de l’oralité, (AMO 13,5)
• Éducation à l’acquisition et à l’utilisation de la voix oro-oesophagienne et/ou trachéo-oesophagienne, avec ou sans prothèse phonatoire, par séance (AMO 11,2)
• Rééducation des troubles de la communication et du langage écrit, par séance (AMO 10,1)
• Rééducation des retards de parole, des troubles de la communication et du langage oral, par séance (AMO 12,1)
– Pour un patient de 3 à 6 ans inclus (AMO 12,6)
• Éducation ou rééducation de la communication et du langage dans les handicaps moteur, sensoriel et/ou les déficiences intellectuelles (inclus paralysie cérébrale, troubles du spectre de l’autisme et maladies génétiques), par séance (AMO 13,8)
• La durée pour les traitements suivants est toujours de 30 minutes. Ces soins sont réalisés pour
50 séances, renouvelable 1 fois.
• Rééducation et/ou maintien et/ou adaptation des fonctions de communication, du langage, des troubles cognitivo-linguistiques et des fonctions oro-myo-faciales chez les patients atteints de pathologies neurologiques d’origine vasculaire, tumorale ou post traumatique (AMO 15,7)
• Rééducation et/ou maintien et/ou adaptation des fonctions de communication, du langage, des troubles cognitivo-linguistiques et des fonctions oro-myo faciales chez les patients atteints de pathologies neuro-dégénératives (AMO 15,6)
2.3.3. Nomenclature :
AMO : Actes pratiqués par l’Orthophoniste.
AMO = 2,5
3. LISTE NON EXHAUSTIVE D’EXEMPLE D’ACTES SPÉCIFIQUES À CHAQUE RÉÉDUCATEUR PARAMÉDICAL EN OMF :
3.1. Pour les MK :
Du fait que le CSP dispose les champs d’action de la masso-kinésithérapie de manière descriptive, ceux-ci sont définis par fonctions physiologiques et par champ d’action médical (neurologie, respiration, déglutition…). Cela donne donc au MK un vaste champ d’action. Nous allons donc, ici faire une liste non exhaustive de ce qui nous semble le plus logique au regard des textes de loi, mais aussi de l’avancée de la science, comme le précise le décret d’actes. D’un point de vue administratif, l’intitulé de la prescription doit respecter la NGAP, sinon celui-ci fera appel à un indu ou sera considéré comme un soin hors nomenclature par la caisse d’assurance maladie.
3.1.1. La traumatologie, l’orthopédie de la face, les fractures de la mandibule…
Commentaire : Il est important comme en orthopédie générale de différencier la rééducation de l’enfant (en croissance) de la rééducation de l’adulte. Cette ROMF relève uniquement du champ de la mas
kinésithérapie. Celle-ci s’intéresse au complexe des articulations au sens anatomique du terme. Il n’est pas question ici ni de phonème, ni d’articulation de la parole.
Prescription idéale : « Rééducation MK maxillo-faciale, dans le cadre… »
Par contre s’il y un oedème, nécessitant un DLM, la prescription doit mentionner le fait que le lymphoedème est post-chirurgical.
Remarque : Il est primordial de réaliser le bilan initial le plus tôt possible afin que le rôle préventif du MK dans les risques éventuels de complication secondaire dans les traitements orthopédiques dit « traitements fonctionnels ». Le thérapeute doit être en possession des clichés d’imagerie afin d’adapter au mieux son traitement et ses recommandations.
3.1.2. Les troubles de l’ATM et d’occlusion : limitations d’ouverture buccale, les DTM, bruxisme, …
Commentaire : Champ du MK uniquement.
Prescription idéale : « Rééducation maxillo-faciale + rééducation déglutition non isolée + rééducation respiratoire si nécessaire »
Remarque : il est question ici de retrouver une respiration des VAS et des VAI afin d’obtenir une respiration naso-nasale.
3.1.3. Les dyspraxies oro-maxillo-faciales et dysmorphoses
Commentaires : En MK, en France, l’ancien vocabulaire était « dyspraxies linguales », le MK s’intéressait aux fonctions de la langue en tant qu’organe et en tant que groupe musculaire. Mais le terme de dyspraxie linguale est devenu impropre vis-à-vis de la science. Aujourd’hui il s’agit de dyspraxies ou dysfonctions oro-myo-faciales ou oro-maxillo-faciales. Il faut arrêter d’utiliser ce terme de lingual à tout propos il est trop réducteur. C’est une thérapie myo-fonctionnelle ou rééducation oro-maxillo-faciale.
Lors de la réalisation du BDK, le MK évalue les différentes dyspraxies fonctionnelles. Ce bilan inclut l’étude positionnelle de la langue. Dans ces traitements, nous nous trouvons, d’un point de vue scientifique, dans le cadre d’une rééducation neuro-sensitivo-motrice. En effet celle-ci doit prendre en considération des facteurs proprioceptifs, des facteurs neurosensoriels, les fonctions respiratoires, la
fonction de mastication…
Prescription idéale : « Rééducation maxillo-faciale + rééducation déglutition non isolée + rééducation respiratoire».
3.1.4. La rééducation OMF dans le cadre des traitements ODF et la chirurgie orthognatique.
Commentaires : Le rééducateur permet la prévention de ces troubles, ainsi que leur traitement en action conjointe avec l’ODF.
Après chirurgie le MK assure le retour à des fonctions physiologiques assurant une ouverture buccale normale (50,7 ± 7 mm en moyenne)[2]. La rééducation stabilise le traitement orthodontique et permet également d’éviter les récidives après chirurgie correctrice [3].
Malheureusement la méconnaissance de notre spécificité entraîne des erreurs. La Haute Autorité de Santé (HAS) dans ses recommandations pour l’évaluation en orthodontie indique le bilan orthophonique en examen complémentaire. Le MK a été oublié.
Prescription idéale :
• Prescription dans les traitements ODF isolés : « Kiné rééducation maxillo-faciale + kiné déglutition non isolée + kiné respiratoire si patient ventilateur buccal »
• Prescription dans les chirurgies orthognatiques (2 prescriptions nécessaires) :
1- Une prescription de « DLM post chirurgie »
2- « Kiné rééducation maxillo-faciale + kiné déglutition non isolée + kiné respiratoire si patient ventilateur buccal »
3.1.5. Les troubles de déglutition et les dysphagies du sujet âgé
Commentaires : C’est un des seuls champs OMF où un des problèmes majeurs est la mise en danger des voies respiratoires du sujet, pouvant dans certains cas mettre la vie du patient en jeu. Sans oublier les troubles d’inhalation qui, s’ils sont mal évalués et/ou mal pris en charge, peuvent du fait des Fausses Routes (FR) répétées entraîner des pneumopathies d’inhalations.
L’apparition de fausse route peut également être source de dénutrition. L’aspect social lié à ces FR peut entraîner une forme d’isolement social : peur de manger en public qui peut être aggravée si le déficit de continence buccale entraîne un bavage. Cela est d’autant plus le cas en institution.
Le MK est habilité à utiliser une aspiration intra buccale dans ses soins (soins instrumentaux de prévention).
Le MK est le seul rééducateur paramédical à pouvoir utiliser une neuro-stimulation dans sa rééducation, s’il le juge nécessaire.
Le MK a donc un rôle majeur de formation et d’information auprès du personnel soignant : Infirmières Diplômé d’Etat(IDE), Aide-Soignante (AS), Aide Médico-Psy
Psychologique (AMP), ergothérapeutes, Auxiliaire de Vie
Sociale (AVS)
Prescription idéale : « Kiné maxillo-faciale, + kiné déglutition (non isolée) + Kiné respiratoire urgente »
3.1.6. La déglutition dysfonctionnelle du sujet jeune
Commentaire : C’est une dysfonction oro-maxillo-faciale, vue au point 3.1.3
3.1.7. Les troubles ORL et du sommeil : Rhonchopathie et Syndrome d’Apnée Hypopnée Obstructif du Sommeil (SAHOS)
Commentaires : Il faut différencier le SAHOS de l’enfant du SAHOS de l’adulte.
Rôle de prévention lors du bilan : Il est intéressant d’intégrer des échelles d’évaluation comme par exemple un Score de Gouzland (GOS 12), qui peuvent mettre en évidence 6 facteurs anatomiques et 6 facteurs fonctionnels. Le résultat peut mettre en évidence la nécessité d’une prise en charge en rééducation OMF.
Ces facteurs font partie des facteurs de risques qui peuvent favoriser un SAHOS.
Conséquences du SAHOS :
• Somnolence diurne, troubles cognitivo-comportementaux, risque accru d’AVP, pathologies cardio-vasculaires.
• Chez l’enfant troubles de la croissance, apparition d’hyperactivité, retard d’apprentissage… (si obésité associée, facteur de risque plus élevé et inversement) Pour nous au regard de la clinique du SAHOS, la rééducation doit intégrer une rééducation de réhabilitation respiratoire et une rééducation Maxillo-faciale.
Prévention : « facteurs de risques » : Accident Vasculaire Cérébral (AVC), Hyper Tension Artérielle (HTA), troubles métaboliques, diabète et cholestérol.
Prescription idéale : « kiné maxillo-faciale + kiné respiratoire et réhabilition respiratoire (à l’image de la BPCO, sans pouvoir facturer au même tarif) »
Remarque : la rééducation Tubaire relève des compétences des Orthophonistes : il y a un déficit de perméabilité de la trompe d’Eustache pour différentes raisons (barotraumatisme, otites séro-muqueuses…). Mais en masso-kinésithérapie, le thérapeute fait appel à différentes techniques : éducation à l’hygiène nasale, la respiration nasale, la fonction de mastication et de déglutition, le renforcement musculaire des VAS, la rééducation myo-fonctionnel de la langue. Le MK agit de manière secondaire au niveau vélo-pharyngé du fait de ses autres traitements.
3.1.8. Les Paralysies Faciales (PF) : phases initiales et séquellaires
Commentaires : En complément de son rôle de rééducateur, le MK dans la surveillance des complications ophtalmologiques, peut prescrire des pansements secs (Steri-Strip anallergique), s’il n’y a pas de contre-indication médicale. Les informations données au patient pendant les soins permettent aussi de le rassurer sur les causes éventuelles d’un AVC. En effet les campagnes de préventions liées à leur prophylaxie, y ont associé la PF. Bien informer le patient sur ce sujet a l’avantage de limiter l’impact anxiogène associé au traitement.
Prescription idéale : Tout dépend du stade de prise en charge. En phase initiale, une prescription de « rééducation de la paralysie faciale centrale ou périphérique droite ou gauche » est suffisante. En post opératoire d’une chirurgie de type parotidectomies, les Myoplasties d’Allongement du muscle temporal (MAT) [1,4–14] deux prescriptions sont nécessaires :
1- Une prescription de « DLM post chirurgie »
2- « Kiné rééducation PF centrale ou périphérique droite ou gauche »
3.1.9. La carcinologie, l’oncologie :
Commentaires : Ce traitement inclut souvent, une prise en charge, cicatricielle post chirurgicale et une prise en charge des lymphoedèmes de la face et du
Elle peut inclure également des techniques de stimulation salivaire, afin de préparer et de faciliter la reprise de l’alimentation par voie orale et par conséquent la facilitation de la mastication et donc de la déglutition. Elle consiste donc à une évaluation, un entretien et/ ou une récupération des fonctions maxillo-faciales et respiratoires.
Prescription idéale :
• 1 prescription : « rééducation de MK Maxillo-faciale »
• 1 prescription de la « déglutition par MK »
• 1 prescription de la « respiration par MK »
Remarques : Malheureusement, la NGAP ne reflète pas souvent la réalité des prises en charge quotidiennes nécessaires dans ce type de traitement.
Traitement qui souvent doit être concomitant d’une prise en charge en centre spécialisé de radiothérapie +/- de traitement de chimiothérapie…
Le « tact et mesure », associé à ce type de prise en charge devrait à notre sens être étudié afin de coller au mieux à la réalité d’une prise en charge libérale. Il pose un problème réel sur le coût d’un soin réel en MK. Déontologiquement, les organismes payeurs devraient faire une exception quant à la possibilité de réaliser plusieurs actes de MK, le même jour, face à ces situations.
3.1.10. Rééducation traitement cicatriciel post chirurgie reconstructrice et grand brûlé
Commentaire : Champ uniquement MK.
Prescription idéale : Rééducation maxillo-faciale. Il faut proscrire le mot « massage », qui est une des techniques ou un des moyens possibles sur une prescription médicale.
Remarque : L’expression « massage », peut sous-entendre aux services administratifs qu’il s’agit d’un soin de conforts en MK. Il est préférable de ne pas le mentionner dans ce type de prise en charge.
3.1.11. Troubles de la croissance et « troubles de l’oralité » et les pathologies de la croissance cranio-faciale
Prescription idéale : « rééducation maxillo-faciale + rééducation neurologique centrale », sauf dans le cas des paralysies cérébrales : « rééducation des malades atteints d’encéphalopathie infantile + rééducation déglutition + rééducation respiratoire si nécessaire »
Remarque : le terme oralité relève du champ de compétence des Orthophonistes, son utilisation en MK est
un abus de langage. Le MK réalise une rééducation neuro-sensitivo motrice de la région maxillo-faciale et une rééducation de la déglutition.
3.1.12. Les chirurgies reconstructrices : exemple les Fentes Labio-Palatines (FLP)
Commentaires : Le FLP sont des troubles malformatifs, qui vont entrainer les troubles de la croissance. Dans leur prise en charge, les thérapeutes devront inclure les notions de croissance faciale, chirurgie maxillo-faciale, déglutition, travail des cicatrices, la respiration et donc l’ensemble des fonctions oro-maxillo-faciales.
Dans cette rééducation, la pluridisciplinarité est de mise.
Prescription idéale : « Kiné maxillo-faciale + kiné déglutition + Kiné respiratoire »
Remarque : Les rééducateurs interviennent sur un système complexe, comme le décrivent certains auteurs, « le système Vélo Linguo Pharyngo Hyoïdien » (VLPH) dans la sphère OMF. Il serait inadapté, d’un point de vue scientifique, de parler d’une structure isolée. Elles sont toutes intriquées et ne peuvent être rééduquées isolement[15].
3.1.13. Traitements après chirurgie esthétique de la face
Exemples : Lifting, rhinoplastie, blépharoplastie …
Prescription idéale : « Kiné après chirurgie esthétique de … »
Remarque : Cela rentre purement et simplement dans le HN. D’un point de vue légal, il doit tout de même être prescrit.
3.2. En Orthophonie
3.2.1. Anomalies expression orale ou écrite
3.2.2. Pathologies ORL et troubles de l’oralité
• Troubles vélo-tubo-tympaniques
• Troubles Oro-Faciaux entrainant troubles de l’articulation et de la parole
• Lecture labiale et implants cochléaires et suppléance de la surdité
• Déglutitions, dysphagies, apraxies et dyspraxies bucco-linguo-faciales
• Troubles de la voix d’origine organique ou fonctionnelle pouvant justifier apprentissage des voix oro-oesophagienne ou trachéo-pharyngienne + utilisation de toute prothèse phonatoire
3.2.3. Pathologies neurologiques
• La rééducation des dysarthries et des dysphagies
• Langage oral ou écrit : si lésions cérébrales localisées, aphasie, alexie, agnosie, agraphie, acalculie
• Le maintien et l’adaptation des fonctions de communication dans les lésions dégénératives du vieillissement cérébral.
3.3. Comparaison MK et Orthophoniste :
La rééducation de la déglutition et des praxies bucco- linguo-faciales peuvent donc être réalisées par les Orthophonistes ou par les MK. Le MK rééduque la déglutition, la sphère maxillo-faciale, la respiration et non pas la ventilation ou la phonation. Il rééduque également les PF et certaines pathologies ORL.
L’Orthophoniste, rééduque la sphère oro-myo-faciale (ce qui correspond à une description linguistique plus
que fonctionnel), la déglutition, et les dysphagies. Les PF: si elle a un retentissement sur la parole.
3.3.1. Les actes OMF spécifiques aux MK sont :
• La rééducation de la respiration des VAS et des VAI, ainsi que le désencombrement bronchique.
• La rééducation des troubles articulaires, liée à la traumatologie et à l’orthopédie, dont les pathologies des ATM.
• La rééducation des lymphoedèmes de la face et du cou…
D’un point de vue du langage professionnel, en masso- kinésithérapie, il est question de respiration, de maxillo-facial, d’affection neurologique, orthopédique et traumatologique, de rééducation neuro-sensitivo-motrice.
Le MK peut pratiquer des techniques manuelles. Il peut former d’autres professionnels autres que des MK.
3.3.2. Les actes OMF spécifiques aux Orthophonistes sont :
• La rééducation vélaire
• La rééducation tubaire
• La phonation.
• Les troubles de la voix…
Remarque : Les textes de lois et la nomenclature excluent donc : OSTEOVOX, l’ostéopathie ne faisant pas partie des professions de rééducation. Ce type de prise en charge, ne fait pas partie des actes qui peuvent être pris en charge par les caisses d’assurances maladie.
4. QUELS RÔLES EN PLURIDISCIPLINARITÉ POUR LES AUTRES PROFESSIONS DE RÉÉDUCATION
Rien dans les textes ne permet d’inclure directement les professions de : pédicures podologues, ergothérapeutes, psychomotriciens ou d’Orthoptistes. Leur participation demande une interprétation complémentaire. Par contre les diététiciens auront un rôle dans (dysphagies, SAHOS, chirurgie orthognatique et bariatrique) sur l’adaptation des menus d’un point de vue quantité d’apport journalier et qualité nutritionnelle. En institution et dans certain centre du sommeil.
5. DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES GÉNÉ– RALES EN OMF
Les données épidémiologiques sont à ce jour insuffisantes en OMF. L’OMF reste un des parents pauvres de la rééducation et demande des études complémentaires. Elles ne seront donc pas étudiées dans cet article.
6. FORMATION INITIALE OU FORMATION CONTINUE DES PARAMÉDICAUX ET OMF :
La notion de spécialité ou de spécificité est un des sujets actuels. Une de ces notions, est considérée comme novatrice, par les étudiants en formation initiale dans l’obtention du Diplômes d’Etat de Masso-Kinésithérapie. Cette notion s’est renforcée depuis la réingénierie des études de MK. Au regard de la loi, tout professionnel de santé MK ou Orthophoniste est censé être formé et être capable de réaliser les prises en charge rééducatives de la sphère OMF, propres à sa profession.
Malheureusement la réalité est tout autre. En MK, afin de faire reconnaître sa spécificité d’exercice, il est nécessaire de justifier de la réalisation d’une formation continue post diplôme d’Etat, auprès du Conseil National de l’Ordre des Masseurs-Kinésithérapeutes (CNOMK).
En orthophonie, il n’existe pas d’ordre professionnel, mais un diplôme universitaire reconnu et un syndicat professionnel assez actif sur le sujet. D’un point de vue juridique : l’Arrêté du 31 juillet 2019 dispose les orientations pluriannuelles prioritaires de développement professionnel continu pour les années 2020 à 2022 : dans ce texte, l’OMF est intégrée dans différentes orientations pour la profession de MK (orientation 207 à 215). Pour les Orthophonistes, elles sont intégrées dans les orientations (216 et 217) de la profession (orientation ORL et orientation neurologique).
7. NB : PRÉCAUTIONS À PRENDRE DANS LES PRISES EN CHARGES EN OMF : LE DROIT À L’IMAGE (LAURENT BLOCH)
L’utilisation en rééducation, de photos et vidéos est primordial à des fins de suivi et d’optimisation de la prise en charge des patients. Dans la pratique courante et quotidienne, et afin de se prémunir d’un non-respect des lois, il est important que les professionnels de santé fassent remplir et signer un formulaire de droits à l’image. Il en va de leurs responsabilités et de leurs obligations juridiques (fiche en annexe I).
CONCLUSION FINALE :
Force est de constater le rôle majeur du rééducateur en OMF. Certains textes mettent en évidence des incohérences et des controverses qu’en a l’interprétation du rôle à chaque profession en ROMF.
En effet la science précède toujours la loi dans ses publications. Le Rôle du MK peut également se retrouver dans celui de formateur des équipes médico-sociales : IDE, AS, AMP, AVS, aidants… D’ailleurs la création des Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS) tend à favoriser ce mode de pratique. Ils souhaitent créer dans des bassins de vie une vraie collaboration du médical et du médico-social. Favoriser le lien ville (libéraux) et hôpitaux (ou structures privées). Le tout dans un cadre pluridisciplinaire et non plus médico-centré. C’est dans ce contexte particulier, qu’il est important de s’appuyer sur les praticiens généraux (Médecins, MK, Orthophonistes, Dentistes et Infirmières…). Recenser les praticiens spécialisés : la démographie de praticiens formés et pratiquant en OMF est-elle suffisante au regard des besoins réels ? Nous en doutons. A titre d’exemple, un rapport pluridisciplinaire de l’ARS de Normandie a mis en évidence en 2019 que la 2ième cause de recours aux soins d’urgences en institutions (EHPAD) était lié aux conséquences des troubles d’inhalations et donc par voie de conséquence aux troubles de la déglutition. Ces questions se posent donc, au regard du nombre de personnes vivant dans ce type d’institution, et dans la volonté du maintien à domicile des personnes âgées dépendantes le nombre de professionnels formés au diagnostic et à la prise en charge de ces troubles est suffisante [16] ? De toute évidence ce pose la question de la question d’une nouvelle spécialité médicale à part entière. Actuellement les textes de lois disposent de la notion de spécificité en MK, comme le reconnaît le CNOMK (DU fonction des années, formation continue…) Nul ne peut évaluer de manière claire la démographie de praticiens formés. Sans oublier qu’il existe différents modes de pratique : exclusive, partielle… Est-elle suffisante ? Spécificité, master éventuel de
spécialisation sont de vraies questions.
In fine, les champs d’applications en rééducation Oro-Maxillo-Faciale en masso-kinésithérapie et en orthophonie, sont assez vastes. Il peut apparaitre dans cet article une forme de consensus. Notre approche tend à respecter les textes de loi et la clarté scientifique. Mais le poly-sémantisme, (la synonymie linguistique et verbale) n’inclut pas toujours la physiologie humaine, l’embryologie et les différentes fonctions propres à l’être humain.
Dans la pratique chacune des professions amenée à intervenir dans le giron de la sphère Oro-Maxillo-faciale interprète selon ses propres critères. Il est donc primordial de travailler en pluri et en interdisciplinarité.
Car, il s’avère impossible de faire ces concepts et de faire progresser la démarche scientifique . La formation d’équipe pluridisciplinaire est donc essentielle. Il serait souhaitable, que dans l’intérêt du patient cette pluridisciplinarité se réalise sur des bases scientifiques. Une synthèse des spécificités de chaque profession doit être opérée. La pluridisciplinarité intègre de réels échanges de données et interactions constructives. Elle est, dans l’idéal, non hiérarchisée, en respect les compétences de chacun. Malheureusement actuellement elle n’est pas toujours perçue comme telle par un bon nombre de soignants et aidants.
« Fiche d’autorisation de conservation de photographies et de diffusions dans un cadre scientifique.
Identification du kinésithérapeute
Nom & Prénom :
Identification du patient
Nom & Prénom :
Date de naissance :
Date :
Photographies et dossier médical
J’ai été informé par mon kinésithérapeute que les photographies prises à l’occasion des soins ou d’une consultation font partie intégrante de mon dossier médical et sont nécessaires pour le diagnostic et le suivi des pathologies.
A ce titre, j’autorise mon kinésithérapeute à conserver ces photographies dans mon dossier médical. Dans ce cadre, elles pourront éventuellement être communiquées à un autre praticien, pour permettre une prise en charge pluridisciplinaire. Je note que je peux m’opposer à ce partage d’information.
En toutes hypothèses, l’usage de ces photographies est, à ce titre, couvert par le secret médical.
Photographies et communications scientifiques.
Dans un cadre strictement scientifique pour une communication lors d’un congrès ou encore pour une publication dans une revue médicale, mon kinésithérapeute peut être amené à utiliser mon image. Dans ce cadre, il s’engage à préserver mon anonymat et à contrôler l’absence de diffusion des images en dehors du cadre autorisé.
– J’autorise OU – Je refuse :
A titre exceptionnel, si des éléments d’identification (photographie du visage) apparaissent indispensables à une communication ou une publication scientifique, mon image pourra être utilisée.
– J’autorise OU – Je refuse :
J’ai bien noté que je reste libre de revenir sur mon accord ou mon refus à tout moment.
Signature du patient ou de ses représentants légaux. »
BIBLIOGRAPHIE
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[16] Recommandation de Juillet 2015 HAS/ ANESM « Comment réduire les hospitalisations non programmées? • Proposition de l’ARS Normandie à l’attention des médecins coordonnateurs • mise en place d’un groupe de travail. déc 2015;10.